L’ouvrage résulte d’une méditation assidue de la matière contenue dans Le Livre Rouge et s’efforce de déterminer si l’opus jungien constitue l’amorce d’une révolution spirituelle et notamment s’il permet une relecture du Christianisme et de ce que peut être l’expérience christique aujourd’hui. 
Il souligne aussi les caractères originaux et disruptifs de la psychothérapie qui découle de l’expérience jungienne initiale.

On doit mentionner deux caractéristiques du Livre Rouge dont l’importance dans l’œuvre de Jung est comparable à celle de ses plus grands ouvrages : Les racines de la Conscience, La Psychologie du Transfert, Mysterium Conjunctionis et Réponse à Job, pour ne citer que ceux là.

-La première est son étrangeté. Gardé au secret pendant plus d’un siècle, la parution du Livre Rouge en 2010 est pourtant l’un des évènements éditoriaux marquants du début du XXIème siècle pour la philosophie spirituelle comme pour la psychologie. Son importance  était mentionnée par Jung dans  Souvenirs Rêves et Pensées, sans qu’il ait consenti à le laisser publier de son vivant.

Même s’il n’est pas  considéré comme faisant partie de son œuvre scientifique  Le Livre n’est pas un apocryphe. On peut le comprendre comme le relevé de l’autoanalyse de Jung, le présenter comme la matrice de son œuvre future (ce qu’il a lui-même a affirmé avec force), en évaluer le caractère prophétique (Ainsi parlait Carl Gustav Jung) plus ou moins nietzschéen et apocalyptique. Le Livre est structuré à partir de dialogues intérieurs -Jung parle avec son âme et, ou, avec différentes personnifications de l’inconscient (son inconscient ?), à partir des visions qu’il s’efforce de laisser advenir. Il appellera cela plus tard l’ imagination  active. Il fait aussi allusion à des enseignements dispensés par ses rêves. Et il procède  à de longues méditations qui prolongent et tentent d’analyser la matière première qu’il a recueillie et qui s’est imposée à lui.

On précisera aussi que cet ouvrage-témoignage conçu en temps de crise traduit la quête de sens d’un homme bouleversé dans sa vie personnelle et de surcroit affecté par un contexte sacrificiel effroyable : la grande guerre (14-18) et le suicide de l’Europe occidentale.

-La seconde a à voir avec la synchronicité. Ce n’est pas pour rien que Jung avait strictement limité la diffusion du Livre de son vivant,  le réservant pour des temps à venir. Le Livre est dérangeant et brulant ! La question se pose alors  de savoir en quoi cet étrange ouvrage qui relate et interprète une expérience personnelle, très singulière, nous concerne aujourd’hui ? La transformation des choses anciennes et le passage à un monde renouvelé exigent-ils  qu’un plus grand nombre de personnes inventent ou explorent une voie d’individuation selon des inspirations « objectives » qui se font sentir à eux. Si notre contexte pourrait être lui aussi apocalyptique et s’il est également caractérisé par une aspiration à une renaissance spirituelle et culturelle, tel pourrait être le sens synchronistique de la publication récente du Livre Rouge ?

La méditation du Livre Rouge amène à se poser plusieurs  questions  
Quelle pourrait être désormais la forme de l’expérience « religieuse » en relation avec  l’inconscient  ?
En quoi la voie jungienne de l’individuation se distingue t’elle plus ou moins radicalement de la psychanalyse, en quoi la complète t’elle ?
On ne se privera pas de rappeler que la psychologie analytique est un tout autre style de psychanalyse qu’elle déborde et dont elle transgresse les hypothèses par bien des aspects, dans la mesure où elle est ouvertement religieuse (ce qui ne veut pas dire confessionnelle). Elle s’apparente ainsi à ce que les orientaux appellent une voie de réalisation de la conscience 
Cette individuation est-elle aujourd’hui une urgence pour un plus grand nombre ?